Éthique de la permaculture

 

Au cœur de la permaculture, il y a une base éthique reposant sur 3 piliers interconnectés et interdépendants :

 

  • Prendre soin de la terre

  • Prendre soin de l’humain

  • Partager équitablement les surplus

 

Ces 3 piliers sont d’égale importance et doivent être pris en compte de manière équilibrée dans les applications. Ils reposent tous les trois sur un socle commun : le respect de la vie.

 

Les principes éthiques sont le squelette de la façon de penser permacole. A chaque étape, ils sont utilisés pour guider le choix à la décision. Ils permettent à celui qui veut faire une conception en permaculture de choisir entre les différentes solutions, celles qui, pour leur création, leur destruction ou leur transport génèrent le moins de dépenses énergétiques et de pollution, nuisent le moins à la vie et préservent au mieux les ressources. Au mieux, ils peuvent orienter vers des solutions qui améliorent la qualité de vie et créent de l’abondance… des solutions qui découlent de la stratégie de travailler avec la nature et pas contre elle.

 

Prendre soin de la terre

 

Le soin à la terre, c’est le soin à tous les êtres vivants ou non-vivants : les sols, l’eau, les espèces et leur diversité, l’atmosphère, les forêts, les micro-habitats et les animaux.

 

Prendre soin est une traduction du mot anglais « care », qui porte aussi l’idée de se soucier de, s’occuper de, et prêter attention à quelque chose. Chacune de ces nuances est présente dans l’idée de prendre soin de la terre et de l’humain. Elle implique le fait de veiller à leur bien-être, de leur porter de l’attention et de l’écoute, de ne pourvoir à leur besoin que quand ils sont trop affaiblis pour le faire, et le reste du temps de soutenir leurs efforts et fonctions naturelles sans interférer et ce faisant créer des dépendances.

 

La biosphère est le système qui inclut l’ensemble des processus géologiques, climatiques, énergétiques, biologiques et autres dans lequel se développe et se manifeste la vie. Ce système complexe fonctionne comme un tout interconnecté où chaque élément y est lié aux autres et à l’ensemble. Nous habitons dans la biosphère. Nous sommes des éléments de ce système, et nos activités et modes de vie influent sur le système et ont des conséquences généralement négatives aujourd’hui. Il est important de comprendre que des conséquences négatives sur un système dont nous ne sommes qu’un élément ne peuvent manquer d’avoir, tôt ou tard, des répercussions sur nous. Le principe « prendre soin de la terre » découle de cette évidence. Il est aussi naturel que l’instinct qui pousse les hommes à prendre soin ou, au minimum, s’occuper de leur abri ou de leur maison pour ne pas mourir de froid.

 

« Prendre soin de la terre » implique que nos activités ne nuisent pas à la biosphère, mais la soignent et la protègent activement. Cela implique un usage frugal et équilibré des ressources, ainsi que des activités en accord avec cette éthique, c’est-à-dire utiles et bénéfiques, par exemple :

 

  • Cultiver son jardin en prenant soin d’améliorer le sol,

  • Consommer des produits issus de l’Agriculture Biologique, voire de labels plus exigeants tels que Biocohérence ou Nature & Progrès,

  • Acheter des vêtements bio en coton, lin ou chanvre,

  • et de manière générale tout acte qui prend soin de la nature : se déplacer en vélo plutôt qu’en voiture, favoriser le covoiturage, limiter l’usage du plastique, adopter des pratiques Zéro Déchet, …

 

Prendre soin de l'humain

 

 Prendre soin des êtres humains implique notre capacité à satisfaire les besoins fondamentaux de chacun. Ces besoins sont multiples et variés : matériels autant qu’émotionnels ou mentaux, individuels autant que sociaux. Il peut s’agir de nourriture, d’un toit, d’une éducation, d’un travail satisfaisant, de convivialité...

 

Le principe de prendre soin de l’humain est complémentaire du précédent ; il ajoute aux préoccupations liées aux systèmes naturels celles associées aux systèmes sociaux, culturels, familiaux, … et aux individus. Ce principe amène, avant de faire un choix, à prendre le temps de considérer attentivement certaines questions : ce qui est produit par telle approche ou stratégie, qu’il s’agisse de nourriture, de bâtiment, ou autre, est-il bon pour la santé physique et émotionnelle des personnes ? La mise en application de telle ou telle technique est-elle néfaste pour la santé, contraire à des traditions locales ou des interdits sociaux ?

 

Et comment aider les autres si nous ne sommes pas déjà nous-même en équilibre ? Il faut donc commencer par prendre soin de soi-même, car tant que je ne vais pas bien, je ne peux raisonnablement pas m’occuper fondamentalement de mon entourage. Il s’agit de se poser la question de ce qui m’anime vraiment et me met en joie et de m’y investir pleinement ! Ainsi s’occuper de soi-même ne doit pas être entendu comme un appel à poursuivre notre consommation qui se fait aux dépends des pays pauvres dont on exploite les ressources, et aux dépends des générations futures, mais bien plutôt de mener la vie qui nous épanouit, avec sincérité, et de l’étendre à notre entourage.

 

« Prendre soin de l’humain » implique l’utilisation de l’outil, de la technique les mieux adaptés non seulement à l’ouvrage, mais aussi à l’individu qui va l’installer et à celui qui va s’en servir. Il est possible d’utiliser des méthodes ou des stratégies qui permettent d’entretenir ou de développer le corps et l’esprit, et d’améliorer la santé et les relations humaines par l’activité. Les exemples d’application sont nombreux et divers :

 

  • Adopter et promouvoir la communication bienveillante,

  • Mettre en place un « vélobus »,

  • Planter de la nourriture à partager à l’image des « Incroyables Comestibles »,

  • Organiser des réseaux locaux d’entraide et de partage, …

 

Partager équitablement les surplus

 

 

Partager équitablement, c’est fixer des limites à la consommation et distribuer les surplus (en nourriture, en temps, en argent, en matériaux,…) de manière à assurer les objectifs précédents : le soin à la terre et aux personnes.

 

Cela veut tout simplement dire qu’une fois que nous avons raisonnablement comblé nos besoins en respectant les deux premiers principes, nous pouvons nous employer à aider les autres à faire de même. Ou alors, nous pouvons investir notre temps, notre argent, notre matériel en surplus à créer ou aider d’autres projets porteurs d’éthique. N’hésitons pas à rêver et à mettre en œuvre notre créativité pour de nouveaux projets ; la démonstration et l’innovation sont très importantes pour faire évoluer les choses.

 

Partager équitablement revient donc à avoir un niveau de consommation qui ne compromette pas celui des 7 milliards et demi d’humains sur la planète, ni celui des générations futures, d’une part ; et à produire de l’abondance et la partager, d’autre part. La nature est abondante et généreuse, imitons-là !

 

Pour citer quelques exemples, nous pouvons reprendre le propos de David Holmgren : « Lorsqu’on s’émerveille d’un coucher de soleil plutôt que de regarder un film, qu’on prend soin de sa santé en marchant plutôt qu’en avalant des médicaments, qu’on passe du temps à s’amuser avec un enfant plutôt que de lui acheter un jouet, on prend soin de soi-même et des autres sans produire ni consommer de ressources matérielles. Cette perspective atténue, voire supprime, le dilemme apparent entre s’occuper de la nature et s’occuper de soi. »

 

 

 

Pour conclure

 

En conclusion, la permaculture a une éthique de vie qui reconnaît la valeur intrinsèque de chaque être vivant. Ainsi un arbre a une valeur inhérente à sa seule existence, même s’il n’a aucune valeur commerciale. Le plus important est qu’il soit vivant et qu’il fonctionne parfaitement en tant qu’être vivant. Il exerce sa part de travail dans la nature : il recycle la biomasse, produit de l’oxygène et du dioxyde de carbone autour de lui, abrite de petits animaux, structure le sol, etc.

 

L’éthique de la permaculture recoupe tous les aspects de l’environnement, de la société humaine et du système économique et social. Le maître mot en est la coopération, et non la compétition.